Draguer avec des techniques datant de 2000 ans ! 2/2

 

Suite de notre article consacré à Ovide et à ses techniques de drague qui malgré le temps restent toujours efficaces !

Ne rien donner

II n’est pas bien difficile de se faire croire; toute femme se trouve aimable; et la plus laide est contente de la beauté qu’elle croit avoir. Que de fois d’ailleurs celui qui d’abord faisait semblant d’aimer finit par aimer sérieusement, et passa de la feinte à la réalité ! Jeunes beautés, montrez-vous plus indulgentes pour ceux qui se donnent les apparences de l’amour; cet amour, d’abord joué, va devenir sincère. Ne sois point timide dans tes promesses, ce sont les promesses qui entraînent les femmes.  Prends tous les dieux à témoin de ta sincérité.

– Ne pas oublier la perfidie des femmes

Si vous êtes sages, ne vous jouez que des jeunes filles; vous pouvez le faire impunément, en observant dans tout le reste la bonne foi. Trompez des trompeuses. Les femmes, pour la plupart, sont une race perfide; qu’elles tombent dans les pièges qu’elles-mêmes ont dressés.

Oser le premier baiser

Quel amant expérimenté ignore combien les baisers donnent de poids aux douces paroles ? Ta belle s’y refuse; prends-les malgré ses refus. Elle commencera peut-être par résister : « Méchant ! » dira-t-elle; mais, tout en résistant, elle désire succomber. Seulement, ne va pas, par de brutales caresses, blesser ses lèvres délicates, et lui donner sujet de se plaindre de ta rudesse. Après un baiser pris, si tu ne prends pas le reste, tu mérites de perdre les faveurs même qui te furent accordées. Que te manquait-il, dès lors, pour l’accomplissement, de tous tes vœux ? Quelle pitié ! Ce n’est pas la pudeur qui t’a retenu; c’est une stupide maladresse. C’eût été lui faire violence, dis-tu ? Mais cette violence plaît aux belles, ce qu’elles aiment à donner, elles veulent encore qu’on le leur ravisse. Toute femme, prise de force dans l’emportement de la passion, se réjouit de ce larcin : nul présent n’est plus doux à son cœur. Mais lorsqu’elle sort intacte d’un combat où on pouvait la prendre d’assaut, en vain la joie est peinte sur son visage, la tristesse est dans son cœur.

Passer de l’ami à l’amant

Oui, si la pudeur ne permet pas à la femme de faire les avances, en revanche c’est un plaisir pour elle de céder aux attaques de son amant. Certes, il a une confiance trop présomptueuse dans sa beauté, le jeune homme qui se flatte qu’une femme fera la première demande. C’est à lui de commencer, à lui d’employer les prières; et ses tendres supplications seront bien accueillies par elle. Demandez pour obtenir : elle veut seulement qu’on la prie. Explique-lui la cause et l’origine de ton amour. Jupiter abordait en suppliant les anciennes héroïnes; et, malgré sa grandeur, aucune ne vint à lui la première, tout Jupiter qu’il était. Si cependant on ne répond à tes prières que par un orgueilleux dédain, n’insiste pas davantage, et reviens sur tes pas. Bien des femmes désirent ce qui leur échappe, et détestent ce qu’on leur offre avec instance. Sois moins pressant, et tu cesseras d’être importun. Il ne faut pas manifester l’espoir d’un prochain triomphe; que l’Amour s’introduise auprès d’elle sous le voile de l’amitié. J’ai vu plus d’une beauté farouche être dupe de ce manège et son ami devenir bientôt son amant.

Donner l’apparence de l’amour

De même tout amant doit être pâle : la pâleur est le symptôme de l’Amour, c’est la couleur qui lui convient. Que ta maigreur décèle encore les tourments de ton âme; ne rougis pas même de couvrir ta brillante chevelure du voile des malades. Les veilles, les soucis et les chagrins qu’engendre un violent amour maigrissent un jeune homme. Pour voir combler tes vœux, ne crains pas d’exciter la pitié, et qu’en te voyant chacun s’écrie : « tu aimes. » Les larmes sont aussi fort utiles en amour; elles amolliraient le diamant.

Adapter sa technique selon la fille

J’allais finir; mais je dois dire que toutes les femmes n’ont pas la même humeur; il est, pour répondre aux mille différences de caractère qui les distinguent, mille moyens de les séduire. Le même sol ne donne pas toutes sortes de productions : l’un convient à la vigne, l’autre à l’olivier; celui-ci se couvre de vertes moissons. On voit dans le monde autant d’esprits divers que de visages. Un homme habile saura se plier à cette diversité d’humeurs, semblable à Protée, qui tantôt se transformait en onde légère, tantôt en lion, tantôt en arbre ou en sanglier au poil hérissé. Tel poisson se prend avec le harpon, tel autre avec la ligne, tel enfin reste captif dans les filets du pêcheur. Les mêmes moyens ne réussissent pas toujours : sache les varier selon l’âge de tes maîtresses. Une vieille biche découvre de plus loin le piège qu’on lui tend. Si tu te montres trop savant auprès d’une beauté novice, ou trop entreprenant auprès d’une prude, elle se défiera de toi et se tiendra sur ses gardes. C’est ainsi que parfois la femme qui craint de se livrer à un honnête homme s’abandonne aux caresses d’un vil manant.